L’opposition de la nature (phusis) et de la loi ou convention (nomos) est un des thèmes centraux du
mouvement sophistique, comme en témoignent plusieurs dialogues de Platon
(notamment le Gorgias, le Protagoras et le Cratyle). Comment distinguer ce qui relève de la nature et ce qui
est de l’ordre des conventions et productions humaines, dans les champs
ontologique, éthique, juridique et linguistique ? La nature
constitue-t-elle une norme supérieure à celle de la convention ? Ce double
problème, au-delà de sa formulation par les sophistes, est en fait un des axes
majeurs de la pensée grecque dans son ensemble. On le verra en particulier en
analysant la réponse apportée par Aristote et la manière dont celui-ci
dialogue, indirectement, avec la tradition sophistique.