Si la
personne semble spontanément recouper l’idée d’être humain, on se demandera si
et comment il est envisageable de découpler ces deux notions. De fait, les
juristes se sont autorisés depuis longtemps à traiter les groupes, les
associations, les entreprises et même l’État comme des personnes, en vertu
d’une fiction juridique. Que vaut et quel sens a le concept de personne si
toutes les personnes juridiques ne sont pas des êtres humains, et si tous les êtres
humains ne sont pas des personnes juridiques (autrefois l’esclave ou le « mort
civil », aujourd’hui l’embryon).
Deux
axes de réflexion apparaissent alors dans le sillage du découplement entre
personnalité et humanité. Tout d’abord, on mesurera la possibilité et la
légitimité de nouvelles extensions du concept de personne juridique (fleuve,
forêt, nature, animaux) et, dans ce cas, les conséquences que cela a pour
le statut de la personne humaine (dissociation des droits et des
devoirs ?). En second lieu, la personne est au croisement du droit et de
la morale et se trouve indexée au critère de la « dignité », soit
d’une valeur intrinsèque absolue. C’est cette fois-ci le bien-fondé de cette
importation morale dans les normes juridiques qui fait question. Revient-il au
droit de protéger la dignité des personnes, le cas échéant contre leur propre
consentement ?