Le cours de philosophie politique prendra la suite du cours
de philosophie morale. Il portera principalement sur la dimension politique de
la pensée écologique. Plus spécifiquement, il s’agira d’interroger le rapport qui
semble exister entre d’un côté la protection de la nature et des entités
non-humaines et de l’autre la protection des minorités humaines (esclaves,
indigènes, femmes, étrangers, etc.). En effet, comment comprendre que, dès le XIXe
siècle, Thoreau écrive à la fois des essais contre l’esclavage et des essais
sur la nature sauvage ? Qu’un siècle plus tard on trouve le même genre
d’alliance en éthique environnementale autour de l’idée de « considérabilité
morale » chez Goodpaster ou de statut juridique chez Stone (to have standing) ? Que cette
alliance prenne une nouvelle forme dans les années 1980 au sein de différents
courants de critique interne de l’écologie : dans l’écologie sociale, dans
l’écoféminisme, dans l’écologie tiers-mondiste, dans la critique du « racisme
environnemental », etc. ? Tout se passe en tout cas comme si une
partie de l’écologie était animée par une logique « intersectionnelle »
élargie à la nature. À la critique des trois types de domination que l’on
distingue classiquement en philosophie politique (et auxquelles correspondent
des luttes d’émancipation des minorités) – sociale (ou de classe), raciale (ou
ethnique), sexuelle –, il faudrait en effet ajouter une quatrième : la
domination sur la nature. Mais quel lien faire avec les trois autres ? En
quoi l’émancipation conjointe des minorités humaines et des minorités non-humaines
peut-elle fournir un modèle pour une écologie politique critique ? Ce sera
l’objet de cours d’y répondre.