K5R51215 - Philosophie et connaissance du langage - Cours magistral

Entre la toute fin du XIXe siècle et les premières années du XXe, Arnold Pick, célèbre psychiatre, neurologue et linguiste de l’université de Prague, identifie un type d’aphasie progressive, dont il fera une étude approfondie, tant neurologique que psychologique et linguistique, si bien qu’elle portera pendant plusieurs décennies son nom : la maladie de Pick. Parmi ses symptômes linguistiques les plus manifestes, Pick repère non seulement des altérations des compétences grammaticales et phonétiques des patients, conformes à la conception classique de l’aphasie, mais surtout de spectaculaires car systématiques cas de cécité ou d’absence de la mémoire des mots, accompagnée de la perte des concepts associés, en d’autres termes des déficits qu’on qualifierait de sémantiques. Trois quarts de siècle plus tard, Elizabeth Warrington, neurologue et psychologue à l’hôpital de Queen Square, à Londres, isole trois cas où les symptômes les plus manifestes, en l’absence de troubles grammaticaux ou phonologiques typiques des aphasies, sont une perte de la mémoire des mots et de leur sens, des concepts associés ainsi que des représentations typiques, y compris graphiques, des objets et des êtres. Il faut attendre 1989 pour que trois chercheuses et chercheurs du département de neurologie de l’Infirmerie Royale de Manchester isolent ce qui sera appelé désormais la démence sémantique : un type de particulier de démence lié à une atrophie latérale ou bilatérale, symétrique, du lobe frontal supérieur, formée par la dégénérescence des neurones et du tissus nerveux. Ses symptômes les plus précis sont la perte de la mémoire et du sens des mots, la perte des concepts associés et des formes typiques de représentations et de catégorisation des objets du monde ou des choses de l’esprit, en l’absence de perte de la mémoire épisodiques ou personnelles (qui rapprocherait cette démence de la maladie d’Alzheimer) et relativement indépendamment d’autres troubles du langage (qui rapprocherait cette démence des variétés d’aphasie progressives isolées et étudiées avant et depuis Pick). Depuis 1989, de très nombreuses études se sont penchées sur la question des caractéristiques propres, distinctives, de cette maladie. Mais c’est très tardivement depuis la fin de la première décennie du XXIe siècle, que cette enquête s’est prolongée par des réflexions plus proprement linguistique.

La question qu’on voudrait poser ici au corpus classique, depuis Pick, et contemporain sur le sujet est la suivante : qu’est-ce que la démence sémantique, la perte pathologique de la mémoire et du sens des mots, pourrait nous apprendre de la sémantique elle-même ? En d’autres termes, qu’est-ce que la perte du sens pourrait nous apprendre du sens du sens ? Et quelle théorie, quelle sémantique pourrait nous permettre d’appréhender au mieux les conditions de cette perte ?

Une bibliographe détaillée sera fournie lors de la première séance du cours.

 


Informations sur l'espace de cours

Nom Archive année 2020-2021 Philosophie et connaissance du langage - La maladie de Pick
Nom abrégé UP1-C-ELP-K5R51215-01 - La maladie de Pick
Groupes utilisateurs inscrits Consultation des ressources, participation aux activités :
  • [2020] UFR 10 - Matière (M2-S2) : Philosophie et connaissance du langage (groups-matiK5R51215-2020)
Consultation des ressources uniquement : aucune cohorte inscrite.

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