Archive année 2022-2023 Philosophie générale S1 - ETRE SOI-MEME. C ...

    Si je peux me dire moi-même, me reconnaître le « même », je fais aussi l’expérience d’une altérité à moi-même, d’un autre en moi, comme si « je » était multiple, fragmentaire, ou en continuelle métamorphose. Dès lors, y a-t-il une unité de soi-même, et une permanence à soi ? Ou bien soi-même est-il comme un autre ? Pour le dire autrement : faut-il nécessairement postuler une substance pour être soi-même ou puis-je être le même dans l’expérience d’un devenir, d’une altérité à soi, d’un inconnu de soi ?

      Ces questions soulèvent des enjeux non seulement métaphysiques, mais aussi épistémologiques et éthiques : qu’en est-il de l’être soi-même, de sa prétendue consistance ontologique ? Celui que j’appelle moi semble en effet constamment m’échapper, si bien que je peine à le connaître, ou que cette connaissance de soi semble se refuser à ma raison. Si le désir légitime d’être soi se confronte aux limites du logos, il n’en perd pas pour autant son intensité. Et par lui, le sujet expérimente la nécessité d’une posture, d’une attitude de soi à soi-même comme de soi à autrui. Qu’est-ce qu’être soi-même corps et âme ? Comment exister en étant soi, authentiquement soi, pleinement soi, en assumant sa condition charnelle ?  Peut-on penser une vérité de soi-même par-delà les apparences, les changements, les masques ou figures d’emprunt ?  Ces questions induisent alors toute la dimension du rapport à autrui, de la présence d’un autre que soi-même dans le processus de la conscience de soi, de la connaissance de soi, dans la constitution du sujet.

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