Nous essayerons de penser à nouveaux frais les années 1950, un véritable tournant dans l’histoire récente de l’Occident. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’Occident on devient à la fois l’agent, le témoin et l’historien du changement d’âge géologique et culturel : sitôt les premières bombes atomiques explosées, on parle de l’avènement de l’âge atomique. Aussi, l’expérience de l’épuisement de la planète et d’une histoire globale devient-elle plus aigüe que jamais. Une nouvelle discipline, forgée dans les laboratoires de la « big science » de la Deuxième Guerre, fait son apparition en prétendant à une intelligibilité totale : la cybernétique. Une autre discipline qui obtenait une importance cardinale est l’anthropologie, et ce au détriment de l’histoire. Tout cela, alors que le monde global se scinde en trois parts: le premier monde de la démocratie libérale, le second monde du communisme d'Etat et le tiers monde qui, pour la première fois, revendique de façon massive et systématique son émancipation. Mais lorsque les mouvements dé-coloniaux se mettent en place en revendiquant leur place dans une histoire active, nombreux étaient ceux qui, en Occident, déclarent que l’histoire est simplement finie. En somme, une foule des thèmes qui innervent les débats d’aujourd’hui se sont cristallisés dans les années 1950. Voilà une bonne raison pour y revenir.