UP1-PROG-10-M1K403-119 - Master 1 Philosophie parcours philosophie contemporaine

Introduction à l'économie politique

Philosophie de la connaissance, M1 S2

Vendredi 14h-16h

 

Ronan de Calan

Le fétichisme

 

Le fétichisme peut se ramener à une définition simple qui englobe toutes les autres : le culte des artefacts. L’histoire du concept de « fétiche » – feitiço vient de l’adjectif latin facticius, qui signifie « fabriqué » – enseigne que le fétichisme correspond lui-même à un artefact de deuxième ou de troisième ordre. Sur les premiers comptoirs commerciaux, qui deviendront les avant-postes des États coloniaux, les premiers ethnographes observent des pratiques cultuelles investissant des objets –  ou des pratiques matérielles évoquant des cultes – qu’ils choisissent d’enfermer dans le cadre devenu bientôt rigide d’une approche évolutionniste des religions. Mais très vite la « théorie », ou ce qui en tient lieu, craque de toute part. Le premier paradoxe tient au fait qu’on désigne comme religion « la plus naturelle » – « le fétichisme est plus naturel que le polythéisme », écrit Auguste Comte -  la religion la plus matérielle mais surtout la plus construite. Quelle histoire des religions pourrait partir de préliminaires aussi ténus et contradictoires ?  Le second paradoxe tient à la curieuse persévérance d’un concept périmé très vite dans son domaine d’origine, l’anthropologie religieuse. Marcel Mauss nous le dit dès 1906 : « il faut éliminer la notion de fétiche et de fétichisme de la théorie sociologique de ces religions qui ont été jusqu’ici considérées comme en étant exclusivement composées ». Mais entre-temps, le fétichisme s’est tracé un chemin dans l’économie politique (« fétichisme de la marchandise »), dans la psychologie (« fétichisme dans l’amour »), dans la psychanalyse (« succédané du pénis ») ou encore dans la psychopathia sexualis (« déviation relativement au but sexuel » ou « perversion »). Comment peut-on articuler tous ces plans les uns et autres ? Sont-ils les effets d’une dissémination ou d’une contamination originelle ? Où se fait et se défait le religieux dans ses liens au commerce, au sexe, à la libido ou à la représentation ? Et quel rapport aux objets et à la catégorie de l’objet le fétichisme permet-il alors de penser ?

 

Bibliographie indicative (ordre chronologique) :

 

C. des Brosses, Du culte des dieux fétiches, Ginevra, Cramer, 1760.

A. Comte, Catéchisme positiviste, Paris : chez l’auteur, 1852

K. Marx, Le capital, tr. J. M. Roy, Librairie du Progrès - Directeur Maurice Lachatre, Paris s.d (1875)

R. Krafft-Ebing, Psychopathia sexualis, Stuttgart : Enke, 1886

A. Binet, « Le fétichisme dans l’amour », Revue philosophique, 1887.

S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), tr. fr. M. Géraud, Point Seuil, 2012 ; Fétichisme (1927)

A. Haddon, Magic and Fetishism, Londres : Constable, 1906.

W. Pietz, Le fétiche. Généalogie d’un problème (1985-1988) Kargo/ L’Eclat, 2005.

A. M. Iacono, Le fétichisme. Histoire d’un concept, PUF : « Philosophie », 1992.

P. L. Assoun, Le fétichisme, , PUF, « Que sais-je ? », 1994

R. Morris et D. H. Leonard (eds), The Returns of Fetishism, University of Chicago Press, 2017.

 


 


Informations sur l'espace de cours

Nom Master 1 Philosophie parcours philosophie contemporaine - Le fétichisme
Nom abrégé UP1-PROG-10-M1K403-119-06 - Le fétichisme
Enseignantsde la Lande de Calan Ronan
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