Le concept de révolution ne figure plus vraiment dans
le vocabulaire de la philosophie sociale et politique. On lui préfère celui,
plus général, d’émancipation et l’on valorise davantage les résistances
ponctuelles à la domination ou les alternatives locales à l’exploitation que
les processus de transformation socio-politique de grande ampleur. L’hypothèse
de ce séminaire est que ce désintérêt s’explique en partie par le discrédit qui
affecte la philosophie de l’histoire. Car, pour promouvoir la destitution des
groupes sociaux au pouvoir et l’institution de nouvelles formes de vie
collectives, pour prétendre en d’autres termes révolutionner la société et la
propulser dans une phase inédite de son développement, il faut présupposer que
l’histoire existe, qu’elle traverse des époques à peu près unifiées et qu’elle
suit un cours relativement cohérent sur lequel il est possible d’agir.
L’objectif du séminaire est d’examiner les critiques qu’a suscité cette
représentation de l’histoire (linéarité, finalisme, eurocentrisme), en les
confrontant aux différents traitements réservés au couple histoire/révolution
dans les marxismes, de Marx lui-même à l’écologie politique.