La question du travail, de ses modalités d’organisation sociales et
juridiques et de ses fonctions en termes d’épanouissement individuel et de
cohésion sociale, ont été depuis les années 1990 au cœur de débats importants,
dans le cadre desquels se sont confrontés différents points de vue
disciplinaires. Certains sociologues du travail ont cherché à comprendre les
nouvelles formes d’organisation du travail et de management en entreprise,
ainsi que leur influence sur les collectifs de travail ; d’autres ont
questionné l’influence sur le rapport des individus au travail de statuts de
l’emploi s’écartant de la norme du travail salarié en contrat à durée
indéterminée. Des psychologues du travail et des ergonomes ont cherché à
diagnostiquer les pathologies du travail liées à ces transformations
structurelles, mais aussi à déterminer comment y répondre. Ceci a pu les
conduire à croiser les réflexions de sociologues et de politistes s’interrogeant
sur l’intérêt d’une démocratisation des entreprises, via l’introduction de
dispositifs de participation et de délibération, ou encore le recours à de
nouveaux statuts juridiques pour les entreprises. Fondés sur le présupposé selon lequel le travail et son organisation
(technique, sociale et juridique) constituent des points d’entrée majeurs pour
comprendre les sociétés libérales contemporaines et analyser leur devenir, ces
débats ont remis au travail le concept même de travail et fait surgir des
conceptions différentes du travail et de sa centralité dans nos vies. Le but de
ce cours sera d’introduire les étudiants à ces débats en leur apportant un
éclairage philosophique. Après être revenu sur quelques conceptions
philosophiques classiques du travail et de son rôle psychique et social, nous
interrogerons les transformations actuelles du salariat, les effets psychiques
des nouvelles formes d’organisation du travail, les spécificités du travail de
care (dont l’importance dans nos sociétés tend à devenir majeure) et la portée
des appels contemporains à une démocratisation des lieux de travail. Ce
faisant, nous essaierons d’éclairer les choix sociaux et politiques auxquelles
les sociétés libérales contemporaines font face quand elles s’interrogent sur
la meilleure manière d’organiser la vie en commun et la coopération sociale.