La perception nous est à la fois très
connue et très difficile à définir : connue non seulement parce qu’on en fait
usage tous les jours mais aussi parce que certains de ses modes de fonctionnement
sont attestés par des faits expérimentaux, et difficilement définissable parce
qu’une explication complète de la perception ne peut pas ne pas s’appuyer sur
des principes fondamentaux, tels ceux concernant le rapport entre le sentant et
le sensible, entre l’âme et le corps, ou entre le sujet et son monde, sur
lesquels les philosophes n’ont jamais cessé de disputer. Entre science et
philosophie, et entre des systèmes divergents de représentation ou
d’interprétation, la perception est exemplaire de la diversité des forces qui
travaillent un concept philosophique. On se demandera dès lors : que peut-on
dire de la perception? Ou plus précisément, dans quelles mesures est-elle
susceptible de la vérité ou d’une vérité? S’agit-il d’une vérité scientifique,
normée, d’une légitimité discursive, ou d’autre chose encore? Sans vouloir
cacher l’ambiguïté profonde de ce concept, ce cours invite à jeter un regard
historique et critique sur les traditions philosophiques pour répondre à ces
questions.