En rendant possible aussi bien
l’institutionnalisation du pouvoir politique que l’« empowerment » de sujets à travers des droits individuels et
collectifs de plus en plus nombreux et variés (droits civils et politiques,
droits sociaux, droits culturels, etc.), le droit moderne concrétise les
principes du libéralisme politique et fait également ressortir certaines de ses
contradictions. Le séminaire se penchera sur des conceptions qui soulignent les
effets ambivalents du droit des démocraties actuelles par rapport au projet
d’émancipation du libéralisme moderne et qui cherchent à savoir comment un tel
droit permet son autocritique, sa révision ou sa contestation. Des positions
internes au libéralisme des droits ou au contraire opposées à lui seront
étudiées. Au nom de la reconnaissance des droits, les théories de tradition
libérale (Dworkin) s’intéressent aux conditions de possibilité d’une
contestation issue de la société civile dite désobéissance civile qui
représenteraient une garantie contre la survenance d’abus de pouvoir. A l’autre
bout du spectre, des théories du droit d’inspiration marxienne et réclamant le
titre de « critiques du droit » essayent de répondre à un problème
structurel auquel est aveugle le libéralisme des droits : le fait que le
droit moderne est défini par des objectifs contraires (émancipation / production
d’un ordre de domination) et que cette tension met en péril la démocratie. Des critiques
issues de divers courants juridiques américains (Critical Legal Studies,
Critical Race Theory, Feminist
Jurisprudence) retiendront ici l’attention.