Topic outline

  • Généralités

    L’objectif général de ces vingt-quatre heures de cours est de présenter et d’analyser ce que la connaissance et la reconnaissance de l’Anthropocène (nom donné par certains scientifiques à une période géologique et planétaire marquée par des bouleversements produits par les humains sur les écosystèmes), à partir des années 1990, font à la politique. Après avoir évoqué les controverses autour du terme, des phénomènes qu’il recouvre, de leur mesure et de leurs conséquences, il s’agira de se pencher sur les formes variées de politiques écologiques coexistant à l’heure actuelle, d'abord en France et ensuite à l’échelle internationale.

    Seront en particulier abordés, sans exclusive ni exhaustivité, la gouvernance climatique mondiale, la place de l’écologie dans les politiques publiques et la compétition électorale, les partis verts, les mouvements climat (leur sociologie et leurs répertoires d’action), les assemblées citoyennes portant sur les enjeux climatiques et environnementaux, les politiques préfiguratives d’inspiration écologique, etc. 


    Modalités d'évaluation : 

    Le devoir final prendra la forme d’un commentaire composé ou croisé de deux articles (ou chapitres d’ouvrage) scientifiques au sujet des politiques de l’anthropocène et issus de la sociologie ou de la science politique, l’un de ces deux documents ayant été donné par les enseignants sur la plateforme du cours. L’épreuve sera préparée à la maison et rendue (en format .doc ou .docx exclusivement) le 31 mars 2023 via un dépôt sur l’EPI du cours. Le format attendu est de 15 000 signes maximum (espaces compris). ATTENTION, suite à la demande de certains étudiant-e-s, le rendu peut s'effectuer jusqu'au 8 avril. La fiche de lecture peut aller jusqu'à 20 000 signes maximum (espaces compris).

    Vous devez mener un travail comparatif à partir d’une des lectures suggérées au cours d’une séance (références indiquées sur l’EPI) et d’un article ou d’un chapitre d’ouvrage scientifique (en français ou en anglais) que vous aurez sélectionné. Le choix de ce second texte doit être fait de telle manière à ce que la mise en perspective avec le premier permette de mieux saisir leurs apports ou leurs limites en matière de compréhension des enjeux de l’Anthropocène tels que vous les aurez abordés en cours (la production du savoir scientifique, les mobilisations écologistes, les partis verts, les usages du droit par exemple). 

    L’objectif est de montrer les controverses, points de tension et/ ou convergences entre les thèses et principaux arguments présentés dans les deux textes pour comprendre en quoi ils participent (ou non) à une meilleure compréhension de la question étudiée. La confrontation que vous aurez organisée peut faire se rencontrer deux articles d’enquête empirique ou bien un article empirique et un article théorique dont les thèses générales auraient été mises à l’épreuve empiriquement par une enquête de sciences sociales.

    L’introduction doit vous servir à présenter les textes, leurs auteurs et les restituer dans leur école de pensée scientifique. Vous devez également présenter un très rapide état de l’art pour mieux situer les apports de ces deux textes, les problématiques de chacun des textes et montrer la tension existante et/ ou la convergence entre les deux qui constituera le fil directeur de votre travail. Vous organiserez ensuite votre propos en deux ou trois parties elles-mêmes organisées en sous-parties avant de conclure. Dans le fil de votre argument, il est demandé d’accorder une attention particulière aux matériaux empiriques mobilisés par les auteurs.rices (lorsque c’est pertinent), aux questions de recherche qui étaient les leurs, et aux principaux résultats des enquêtes conduites.

    + un devoir sur table d'une heure au cours des dernières séances. Les modalités vous seront précisées dans les jours qui viennent.  ==> Cette épreuve est finalement supprimée.


    Lectures générales suggérées : 

    Bonneuil Christophe, Fressoz Jean-Baptiste,  L’Évènement Anthropocène, la Terre, l’histoire et nous, Paris, Le Seuil, 2013.

    Villalba, Bruno, L'écologie politique en France, Paris, La Découverte, Repères, 2022.

    Coulangeon, Philippe, Demoli, Yoann, Ginsburger, Maël, Petev, Ivaylo, La conversion écologique des Français. Contradictions et clivages, Paris, PUF, 2023.



  • Séance 1. Les récits scientifiques et politiques de l'Anthropocène

    Séance 1. Les récits scientifiques et politiques de l'Anthropocène

    Cette séance présente l’Anthropocène en tant que récit explicatif des crises écologiques, les controverses autour de ce récit ainsi que les récits connexes qui participent à les politiser en mettant l’accent sur des processus sociopolitiques.

    Le principal objectif pédagogique est de comprendre comment les scientifiques issus des sciences de la vie et de la terre et des sciences humaines construisent les cadrages scientifiques et politiques des crises écologiques et participent à forger les représentations politiques des crises écologiques.

    Lecture mobilisée : Simon L. Lewis, Mark A. Maslin, « Chapitre 5. L’an 1610 de notre ère. Une date géologiquement et historiquement cohérente pour le début de l’Anthropocène », dans : Catherine Larrère, Rémi Beau (éd.), Penser l’Anthropocène. Paris, Presses de Sciences Po, « Académique », 2018, p. 77-95.


  • Séance 2. L'expertise scientifique au coeur de la (dé)politisation de l'environnement

    Séance 2. L’expertise scientifique au cœur de la (dé)politisation de l'environnement

    Cette séance présente la construction et le fonctionnement des principales institutions scientifiques internationales (GIEC, IPBES) en interrogeant leur rôle dans la construction politique de l’environnement. 

    Le principal objectif pédagogique est de comprendre le rôle politique joué par des institutions scientifiques dans les cadrages politiques des crises écologiques et d’en saisir les effets sur la (dé)politisation de l’environnement. 

    Lecture mobilisée : Marie Hrabanski, Denis Pesche, « Chapitre 3. L’avènement de l’IPBES ou l’institutionnalisation des évaluations globales de la biodiversité », dans : Daniel Compagnon éd., Les politiques de biodiversité. Paris, Presses de Sciences Po, « Académique », 2017, p. 67-89. 


  • Séance 3. La fabrique de l'ignorance des problèmes environnementaux

    Séance 3. La fabrique de l’ignorance des problèmes environnementaux

    Au cours de cette séance, nous verrons comment la production scientifique et institutionnelle des savoirs participe à produire des formes d’ignorance concernant la gravité des problèmes écologiques, tels que ceux liés aux pollutions. La question des incertitudes scientifiques est également décisive pour saisir la production d’angles morts dans les cadrages des crises écologiques.

    Le principal objectif pédagogique est de comprendre comment la fabrique scientifique et institutionnelle de l’ignorance produit des angles morts dans la construction des problèmes et des politiques publiques. 

    Lecture mobilisée : Justyna Moizard-Lanvin, « Sélectionner et agréger les ignorances », Revue d’anthropologie des connaissances [En ligne], 15-4 | 2021, mis en ligne le 01 décembre 2021, consulté le 06 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/rac/25114


  • Séance 4. La gouvernance climatique mondiale depuis le Sommet de Rio (1992)

    Séance 4. La gouvernance climatique mondiale depuis le sommet de Rio (1992)

    Cette séance présente les fondements des négociations internationales en matière de gouvernance climatique depuis les années 1990. 

    Le principal objectif pédagogique est de comprendre les processus explicatifs d’un « schisme de réalité » entre la connaissance des changements climatiques et les décisions effectives. 

    Lecture mobilisée : Stefan Aykut, Amy Dahan, « 3. La gouvernance du changement climatique. Anatomie d'un schisme de réalité », dans : Dominique Pestré éd., Le gouvernement des technosciences. Gouverner le progrès et ses dégâts depuis 1945. Paris, La Découverte, « Recherches », 2014, p. 97-132.


    • Séance 5. Les partis écologistes en France (et en Europe)

      Séance 5. Les partis écologistes en France (et en Europe)

      Cette séance présente la genèse et l'histoire du parti écologiste français, ses traits de singularité par rapport aux autres partis politiques plus établis ainsi que quelques éléments sociologiques sur ses militants et son électorat. De brèves comparaisons avec d'autres partis écologistes européens sont proposées. 

      L'objectif principal de la séance est de suggérer des explications de sociologie politique au "plafond de verre" électoral (la difficulté à dépasser 10 ou 15% des voix) que rencontrent la plupart des partis écologistes européens, et singulièrement EELV en France, dans un contexte plus général où les questions écologiques font pourtant désormais partie des préoccupations les plus importantes des Français et où des organisations partisanes d'extrême-droite, n'ayant pas beaucoup plus d'ancienneté que les partis verts, ne semblent pas connaître les mêmes limitations aux élections.

      Lecture mobilisée : Jérome, Vanessa, "Que faire du parti vert français ?", dans Gaxie, Daniel, Pelletier, Willy (dir.), Que faire des partis politiques ?, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2019, pp. 97-112.

      Lecture complémentaire (facultative) : Close, Caroline, et Pascal Delwit. « Les partis verts européens à l’aune du plafond de verre électoral. Résultats électoraux et profils des électeurs des partis verts en Europe », Les Cahiers du Cevipol, vol. 1, no. 1, 2018, pp. 3-56.


    • Séance 6. Les assemblées citoyennes : nouveau dispositif pour les politiques de l'anthropocène

      Séance 6. Les assemblées citoyennes : nouveau dispositif pour les politiques de l'anthropocène

      Depuis quelques années se sont tenues à l'échelle nationale, mais aussi locale et transnationale, des assemblées de citoyennes et citoyens tirés au sort en vue de débattre des politiques de l'anthropocène et de formuler des recommandations d'action publique aux pouvoirs exécutifs ou législatifs. En France, la Convention citoyenne pour le climat (CCC), qui a travaillé d'octobre 2019 à juin 2020, offre un cas exemplaire de ce type de dispositifs. L'objectif de cette séance est de présenter cette vague actuelle des assemblées climat, ses origines, ses justifications, de proposer un premier bilan de ses effets politiques, et de s'interroger sur les manières de les analyser en science politique.

      L'un des objectifs de la séance est donc aussi d'offrir un bref panorama des regards savants portés sur les dispositifs de démocratie délibérative (mini-publics et assemblées citoyennes) et de s'interroger sur les ressorts et la construction sociale de leur légitimité.

      Lecture mobilisée : Gaborit, Maxime, Laurent Jeanpierre, et Romane Rozencwajg. « Les frontières négociées des assemblées citoyennes. Le cas de la Convention citoyenne pour le climat (2019-2020) », Participations, vol. 34, no. 3, 2022, pp. 173-204.

      Lecture complémentaire (facultative) : Boswell, John and Rikki Dean, Graham Smith, "Integrating citizen deliberation into climate governance: Lessons on robust design from six climate assemblies", Public Administration, Advanced online publication, 2022, https://doi.org/10.1111/padm.12883.


    • Séance 7. État des lieux du mouvement climat

      Séance 7. État des lieux du mouvement climat

      Les mouvements écologistes et les luttes environnementales ne datent pas d'hier mais elles connaissent un regain de visibilité depuis quelques années avec les marches pour le climat, la multiplication des initiatives et des organisations, la diversification des répertoires d'action et des formes d'engagement. La séance synthétisera ces développements tout en proposant une analyse de leurs forces et de leurs faiblesses.

      Il sera notamment question de mieux comprendre les cycles de mobilisations environnementales et la sociologie des membres des organisations actuelles de lutte écologique (comme Alternatiba) ainsi que les trajectoires de leur engagement et de leur désengagement.

      Lecture mobilisée : Brusadelli, Nicolas, et Yannick Martell. « Réformer le militantisme, relancer le mouvement climat. Sur la genèse d’Alternatiba », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 242, no. 2, 2022, pp. 4-21.

      Lecture supplémentaire (facultative) : Jacquiot, Pierre. « Comparaison des processus de formation et de diffusion du mouvement écologiste en RFA et en France », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 123, no. 2, 2007, pp. 217-244.

    • Séance 8. Les usages du droit dans les mobilisations écologistes

      Séance 8. Les usages du droit dans les mobilisations écologiques


      Lecture mobilisée : Tonnelat, Stéphane. « Un contentieux microclimatique : ethnographie d’un référé sur l’occupation de terres agricoles en voie d’urbanisation », Droit et société, vol. 110, no. 1, 2022, p. 151-170.

      Lecture supplémentaire conseillée : Gaïti, Brigitte, et Liora Israël. « Sur l'engagement du droit dans la construction des causes », Politix, vol. 62, no. 2, 2003, p. 17-30.

    • Rendu du devoir