Dans l’ouvrage Nonostante Platone. Figure femminili nella filosofia antica, la philosophe Adriana Cavarero réhabilite les figures féminines de la pensée platonicienne pour dénoncer les inégalités de genre sur lesquelles repose le canon philosophique occidental.
En partant et en se départant de Cavarero, ce cours propose d'analyser les critiques portées par différents mouvements féministes (radical, différentialiste, queer, décolonial, intersectionnel…) aux normes esthétiques établies par une tradition universaliste héritière de l’idéalité du Beau platonicien et du jugement de goût kantien.
Comme montré par Laura Mulvey, Sylvia Wynter et Susan Sontag, la notion de beauté développée par cette tradition est porteuse de hiérarchies culturelles et de pratiques d’exclusion. Dans leurs écrits, elles défont les présupposés et les stéréotypes occidentaux de beauté perpétrés par la société patriarcale, la tradition chrétienne et les politiques coloniales.
D’un côté, il s’agira de voir comment ces théoriciennes se réapproprient, tout en les subvertissant, des concepts fondamentaux de l’esthétique classique et moderne (qu’est-ce que le beau ?) ; de l’autre, nous étudierons les problèmes et concepts spécifiquement introduits en philosophie de l’art par ces auteures, comme celui de male gaze (Laura Mulvey), de deciphering practice (Sylvia Wynter) ou de camp (Susan Sontag).
Le corpus d’œuvres qui accompagne l’enseignement montrera comment les artistes contemporaines ont interrogé et redéfini la notion de beauté et permettra de dégager, au sein de ce discours contestataire, d’autres possibles approches au rôle de l’expérience esthétique dans la représentation non normative du corps.
- Enseignant éditeur: Pasqualetti Sarah Matia