Descriptif du séminaire
L’approche postcoloniale agrège des courants, théories et spécialisations diversifiées, plurielles, qui ont en commun de penser les formes culturelles, économiques, sociales et politiques de l’expérience de colonisation et de ses conséquences (décolonisation, indépendances et dépendances). L’idée à travers ce cours est d’examiner les rapports de pouvoir qui se nouent, se transforment, se renforcent ou dans certains cas se desserrent, entre sociétés et au sein de sociétés marquées par des expériences coloniales - qu’il s’agisse de sociétés colonisées ou colonisatrices. En se gardant des débats stériles et clivants sur la pertinence de ces approches, nous souhaitons en développer des prémisses, des thématiques et des aspects importants en privilégiant une approche critique et réflexive.
Argumentaire
Force est de constater que la colonisation et la question de sa rémanence sont, plus de 60 ans après les Indépendances des colonies africaines, et plus encore pour le sous-continent indien, le Moyen-Orient, une partie de l’Afrique du Nord et bien sûr l’Amérique latine, omniprésentes dans les débats publics des anciennes métropoles et des anciens territoires coloniaux. Cette question est au centre de nombreuses mobilisations contestataires en Afrique (Mali, Afrique du Sud, Kenya, Sénégal, Algérie pour n’en citer que quelques-unes), des mouvements les plus populaires aux revendications élitaires et intellectuelles. En Europe (France, Grande Bretagne, Belgique, mais aussi en Allemagne et en Italie), la question de la colonisation et de ses héritages est devenue structurante de nouveaux (et du renouveau d’anciens) clivages au sein du champ politique. On s’interrogera avec les outils et le recul que fournissent les sciences sociales sur ce qui participe de la reproduction de formes de domination, de catégorisation, de subjectivation et de marginalisation qui ont caractérisé les entreprises coloniales, sur ce qui les remet en cause, et sur ce qui ne s’y réduit pas.
Nous prendrons garde à ne pas essentialiser une expérience de “la” “colonialité” (ou de “la” “postcolonialité”) qui écraserait la pluralité de ces histoires dans l’espace, le temps, et selon les catégories sociales. C’est aussi à la question des rapports de pouvoir sous-jacents à la production de savoirs, historiques, sociologiques et anthropologiques, et de mémoires que l’on réfléchira tout au long du semestre.
Ce cours sera l’occasion de faire le point et de comprendre, avec les outils de la sociologie politique, l’émergence et la diffusion des demandes de décolonisation, en Afrique, en Europe, aux Etats-Unis, en passant par l’Asie du sud-est et l’Amérique latine et des controverses parfois violentes qu’elles suscitent au sein de champs politiques nationaux connectés mais toujours singuliers.
- Enseignant éditeur: Brisset-Foucault Florence
- Enseignant éditeur: le Pape Loic
- Enseignant éditeur: Pommerolle Marie-Emmanuelle