Les sociétés humaines connaissent des changements historiques, mais peut-on pour autant dire qu’elles soient en progrès ? et ce progrès doit-il être conçu comme un processus unifié, continu et linéaire ? L’idée de « Progrès », au singulier, que l’on attribue un peu hâtivement au siècle des Lumières, alors qu’elle a été surtout théorisée au XIXe siècle, n’a cessé d’être critiquée depuis. Ce cours aura d’abord pour but de comprendre quelles représentations les êtres humains se font de leur devenir historique : à ce titre, il apparaît que l’idée de progrès est non seulement relativement récente, empreinte de présupposés critiquables quant à la hiérarchie des peuples, mais aussi très contestable pour qui observe l’histoire humaine. En particulier, les progrès techniques, qui s’accompagnent de maux dans d’autres domaines, semblent remettre en cause l’idée d’un processus unifié. Nous nous demanderons alors si cette fragilité épistémologique de l’idée de progrès ne peut être compensée par son utilité pratique : plus qu’une représentation fidèle et objective du passé, l’idée de progrès ne vaut-elle pas comme idéal de ce que l’histoire humaine pourrait être à l’avenir ? Une idée n’est en effet pas seulement une notion empirique, mais elle peut être aussi une norme. Il nous restera alors à nous demander quelles sont les conditions pour que cette norme, cet idéal, ne soient pas creux ou fantaisistes, mais puissent effectivement permettre de nous orienter dans l’histoire humaine.
- Enseignant éditeur: Yuva Ayse Safak