« Je t’aime » ; « Ferme cette porte ! » ; « Je te promets de rentrer tôt ce soir » ; « Concentré de moule à gaufre ! » : autant d’énoncés communs qui ont toutefois pour caractéristique de ne pas correspondre à l’analyse longtemps dominante en philosophie, selon laquelle un énoncé parle du monde et s’analyse en fonction de ce qu’il représente ou, encore, en fonction de ses conditions de vérité. En effet, les énoncés mentionnés ne semblent pas avoir de conditions de vérité au même titre que, par exemple, « Le chat est sur le tapis », « Il pleut dehors » ou « Le professeur est barbant ! ». Bien plutôt, les premiers énoncés semblent faire des choses et viser à modifier l’état du monde, pas à le décrire.
« Je t’aime » ; « Ferme cette porte ! » ; « Je te promets de rentrer tôt ce soir » : autant d’énoncés très communs qui ont toutefois pour caractéristique de ne pas correspondre à l’analyse longtemps dominante en philosophie, selon laquelle un énoncé parle du monde et s’analyse en fonction de ce qu’il représente ou, encore, en fonction de ses conditions de vérité. En effet, les énoncés mentionnés ne semblent pas avoir de conditions de vérité au même titre que, par exemple, « Le chat est sur le tapis », « Il pleut dehors » ou « Le professeur est barbant ! ». Bien plutôt, les premiers énoncés semblent faire des choses et viser à modifier l’état du monde, pas à le décrire.
Ces énoncés, qu’on appellera des « actes de parole », sont à l’origine d’une révolution dans la conception du langage qui eut lieu dans les années 1940-1950 : la révolution « pragmatique », à laquelle on associe les noms d’Austin et Wittgenstein. Selon elle, il ne faut pas concentrer son attention sur les énoncés dits « descriptifs », susceptibles de faire des assertions et de porter des « propositions », comme le faisait la philosophie analytique depuis le début du 20ème siècle. Il faut bien plutôt comprendre pourquoi ces autres types d’énoncés sont valables dans leur ordre propre : celui de l’action du discours. Il convient alors de saisir comment ils parviennent à faire ce qu’ils font. C’est à cette aune qu’on pourra ensuite élucider la fonction descriptive du langage.
La philosophie du langage contemporaine est l’héritière de ce débat sur la primauté de l’analyse en fonction de la vérité ou de l’action, qu’elle a absorbé sous différentes modalités. L’enjeu du cours est de comprendre l’histoire et les enjeux de cette confrontation dans l’analyse du langage ; nous le ferons en étudiant quelques œuvres marquant autant d’étapes de la pensée sur le langage au 20ème siècle.
- Enseignant éditeur: Ambroise Bruno