Le temps est un de ces concepts clés de la philosophie, auquel plusieurs philosophes ont dédié de nombreuses pages. Si, à l’apparence, il semble s’imposer comme une évidence, en tant qu’une de deux coordonnées fondamentales de toute expérience (avec l’espace), c’est en réalité un concept aux multiples significations, dont l’unité même semble poser problème. Le temps peut être linéaire, succession d’instants du passé vers le futur, ou cyclique, il peut être mesuré ou vécu, il peut apparaitre comme la condition a priori de toute expérience ou comme une expérience fondamentale elle-même. Il peut faire référence au temps cosmologique, à celui des saisons, au temps perçu et vécu par la conscience, ou encore, au temps des êtres vivants, celui long de l’évolution ou celui propre à chaque organisme.
Tout en mettant en lumière certaines tensions conceptuelles fondamentales (temps linéaire/temps cyclique, temps mesuré/temps vécu, temps donné/temps constitué) à l’appui d’une littérature classique et en soulignant notamment l’apport du tournant phénoménologique du XXème siècle, le cours se concentrera plus particulièrement sur une question centrale, qui se manifeste sous différents aspects. Il s’agit de la domination, dans l’Occident moderne, d’une conception linéaire du temps dans laquelle le présent est saisi sous la forme de l’instantaneité, et ses conséquences non seulement philosophiques, mais aussi existentielles. Il sera notamment question de mettre en lumière les relations et les différences existant entre le temps physique linéaire (comme succession d’instants) et les temps propres aux êtres vivants et à leur expérience, dans laquelle passé, présent et futur semblent acquérir une nouvelle configuration.
- Enseignant éditeur: Cohen Teodoro Ariel