Les traités aristotéliciens transmis sous le titre Métaphysique reprennent à nouveaux frais l’analyse des objets étudiés par la physique, mais du point de vue de la seule étude de la forme. Cette nouvelle perspective a pour effet d’introduire une différence scientifique du point de vue objectif, en tant qu’on considère ces objets comme séparés ou non de la matière, périssables ou impérissables. Or, la diversité des appellations données à cette seule et même science, rend difficile la compréhension de l’articulation théorique des traités de Métaphysique. Qu’il s’agisse de décrire la « sagesse » (au livre A), ou la « science de l’être en tant qu’être » (livre G), ou « philosophie première » (livre G et E), ou encore de « théologie » (livre E), la science recherchée sera première en tant qu’elle se donne pour objet d’étude les principes de la substance, première des catégories sous lesquelles l’être se dit.
Notre cours se concentrera avant tout sur les chapitres introductifs, qui situent les problèmes dont hérite le Stagirite et qui structurent et organisent l’ensemble des chapitres suivants comme autant de réponses à ces problèmes. Cette analyse suivie donnera également lieu à un examen des principales théories aristotéliciennes sur la substance, les principes et les causes, afin de retrouver au plus près l’unité de la philosophie première recherchée tout au long du traité.
Ce point nous permettra d’envisager le lien problématique qui se trouve entre histoire de la philosophie et fondation de la science de l’être en tant qu’être. Au mythe platonicien de Teuth, Aristote substituerait celui d’un « étonnement originel », et à la « sagesse ancienne », une « science nouvelle ». C’est que toute philosophie concourt harmonieusement à une fin commune qui la justifie et qui lui donne rétrospectivement une place dans le grand projet philosophique par excellence : la vérité totale. L’enjeu de notre cours sera donc de comprendre les conditions de ce passage qui va de l’étonnement à la recherche et de la recherche au système comme la tentative aristotélicienne de terminer une histoire nécessairement contingente puisque toujours en progrès, ou, autrement dit, d’achever, de « réaliser » purement et simplement la seule philosophie possible, comme acte fondateur de la science moderne.
Eléments de bibliographie :
A. Textes de référence
ARISTOTE, Métaphysique, Tome 1 et 2, traduction par J. Tricot, Paris, Vrin, 2000 (rééd. 1953)
ARISTOTE, Métaphysique, Présentation et traduction par M.-P. Duminil et A. Jaulin, Paris, Editions Flammarion, 2008.
ARISTOTE, Physique, Traduction et présentation par P. Pellegrin, Paris, Editions Flammarion, 2002 (2000).
PLATON, Phédon, Présentation et traduction par M. Dixsaut, Paris, Editions Flammarion, 1991.
B. Etudes
AUBENQUE, P., Le problème de l’être chez Aristote, Paris, Presses Universitaires de France, 2009 (1962).
BODEUS, R., Aristote, Paris, Vrin, 2002.
JAULIN, A., GAUTHIER-MUZELLEC, M.-H., WOLFF, F. et BODEUS, R., La philosophie d’Aristote, Paris, Presses Universitaires de France, 2003.
PELLEGRIN, P., Vocabulaire d’Aristote, Paris, Ellipses, 2001.
ROBIN, L., Aristote, Paris, Presses Universitaires de France, 1944.
- Enseignant éditeur: D Jeranian Olivier