Par acteurs politiques, on entend communément les personnes qui « font de la politique », c’est-à-dire qui briguent ou exercent des charges publiques (gouvernementales, parlementaires, municipales…), ainsi que les groupes tels que les partis auxquels elles appartiennent : l’action politique est liée à la conquête du pouvoir et à « l’exercice de l’Etat ». Elle est avant tout le fait, sinon de chefs, du moins de gouvernants et de législateurs qui, même lorsqu’ils agissent au nom de la volonté collective, ont un pouvoir de décision qui prime sur la volonté des autres individus. Les acteurs politiques se définissent en ce sens par la domination qu’ils exercent, le pouvoir qu’ils possèdent, ou la lutte au moins pour ce pouvoir. Mais les gouvernés sont-ils pour autant réduits à la passivité, et l’action politique ne concerne-t-elle que celles et ceux qui participent directement aux pouvoirs de l’Etat ? Les acteurs politiques comme gouvernants ne peuvent légitimement gouverner sans une forme de consentement à leur pouvoir. La volonté générale, la souveraineté populaire ne sont pas que des fictions : l’action des citoyens, au minimum comme obéissance, mais aussi comme participation, diversement définie selon les types de régime, fonde la légitimité du pouvoir politique. S’interroger sur les acteurs politiques, c’est alors non seulement analyser les critères d’attribution de charges publiques à certains citoyens plutôt que d’autres, mais se demander également s’il existe une action politique propre aux gouvernés : ceci nécessitera d’analyser les actions politiques qui se déploient hors des institutions étatiques, dans la société et l’espace public, voire en partie aussi dans la sphère privée.
- Enseignant éditeur: Yuva Ayse