On se propose dans ce cours d’interroger ce topos de la philosophie antique, en se focalisant sur le récit linéaire qui fait de la « belle mort », à l’ancienne, une mort en première personne dont les individus seraient aujourd’hui privés. En particulier, il s’agira de revenir sur les manières par lesquelles la mort a été peu à peu constituée, dès le début du XXe siècle, comme le lieu d’une désappropriation : mort industrialisée, mort de masse, obsolescence de l’homme, nombreuses sont en effet les pensées qui en font alors un lieu à reconquérir. Enfin, on en étudiera plusieurs aspects contemporains, depuis les questions soulevées par la définition de la mort encéphalique, les prélèvements d’organes qu’elle permet, la revendication d’un droit à mourir et le déplacement que propose la focalisation actuelle sur la fin de vie, avec toujours une attention particulière accordée aux affects politiques produits par les récits de la mort.
ADORNO,
Theodor, Minima
Moralia, Réflexions sur la vie mutilée (1951),
trad. Eliane Kaufholz et Jean-René Ladmira, Paris, Éditions Payot,
2003. 	
AGAMBEN,
Giorgio, Quel che resta
di Auschwitz, L’archivio e il testimone, Homo sacer, III (1998),
Turin, éd. Bollati
Boringhieri, 2016. 	
ANDERS, Günther, L’obsolescence
de l’homme, trad. C.
David, Paris, Encyclopédie des nuisances, 2002. 
ARIES,
Philippe, Essais sur
l’histoire de la mort en Occident. Du Moyen-Age à nos jours,
Éditions du Seuil, Collection « Points histoire », 1975.
	
DESPRET, Vinciane, Au
bonheur des morts.
Récits de ceux qui restent. Éditions La Découverte, Coll. « Les
empêcheurs de tourner en rond », 2015. 	
SENEQUE, Lettres
à Lucilius, tome IV,
Paris, Les Belles Lettres, 2003 [1962].	 
PLATON,
Phédon,
trad. M. Dixsaut, Paris, GF Flammarion, 1991.	 
JONAS, Hans,Le
droit de mourir, trad.
P. Ivernel, Paris, Rivages, 2021. 
- Enseignant éditeur: Brunet Jailly Joyce