La
propagande franquiste fit un usage conséquent de certaines figures ou moments
de l'histoire médiévale de l'Espagne. Ainsi, l'érection en grande pompe de la
statue équestre du Cid à Burgos le 24 juillet 1955 fut-elle l'occasion d'une
exaltation de l'esprit de croisade qui anima le Mouvement national pendant la
guerre civile et ensuite. Mais cette dimension donnée à la figure du Cid
tranchait par rapport à la dimension constitutionnelle qui lui était encore
attachée à la fin du XIXe siècle, plus spécialement au travers du mythe du
Jurement de Santa Gadea -que le Cid aurait imposé à Alphonse VI, qu'il
soupçonnait d'avoir fait assassiner son frère Sanche II -,que quelques peintres
contribuèrent à installer dans la mémoire nationale (Marcos Hiráldez Acosta en 1864,
Armando Menocal en 1887). Cette évolution du traitement mémoriel de la figure
du Cid invite à envisager les usages franquistes du Moyen Âge (les Rois
Catholiques sont un autre exemple) depuis une perspective de plus longue durée,
laquelle servira de voie d'accès à quelques moments ou problématiques du Moyen
Âge hispanique. Pour ce cours la réflexion s'appuiera plus particulièrement sur
des supports tels que la peinture historique, la production cinématographique,
voire télévisuelle, la bande dessinée ou encore la chanson populaire.