K3011319 - Philosophie du Droit - Travaux Dirigés

Ronan de Calan

« Weimar – et après ? » : Les juristes et la théorie de l’État sous la République de Weimar (1918-1933)

 

La République de Weimar a une réputation d’insigne faiblesse. Il est indéniable qu’il s’agit d’une expérience démocratique courte, fragile, toute entière placée sous le signe de la crise : économique, politique, culturelle, sociale. Pourtant, elle a été le lieu d’avancées décisives dans le domaine de la science juridique de l’État – en particulier chez les juristes constitutionnalistes – avancées théoriques dont nombre de contemporains revendiquent encore l’héritage. L’affrontement (gigantomachie) entre positivisme et jusnaturaliste, la distinction entre les variantes du positivisme juridique au XXe siècle, l’opposition plus générale entre théories « formelles » et théories « matérielles » de l’État restent encore d’actualité, et puisent dans l’expérience de Weimar, plus exactement dans la lecture des juristes allemands et autrichiens de cette époque, une inspiration toujours renouvelée. Kelsen, Schmitt, Heller, sont des noms qui reviennent sans cesse dans les débats, auxquels il faudrait ajouter ceux d’autres auteurs décisifs, mais moins connus en France, comme Kirchheimer, Neumann, Preuss ou encore Thoma.

Véritable laboratoire pour les juristes, la rédaction puis la relecture critique de la Constitution de Weimar, l’examen au jour le jour du fonctionnement des institutions d’un État démocratique naissant ont permis de poser ou reposer quelques questions décisives qu’on peut rappeler ici, et qui formeront la matière de ce cours. De quelle nature doit être la théorie de l’État : politique, juridique, sociologique ? Qu’est-ce qu’un État de droit ?  En quoi consiste la primauté de la Constitution de Weimar sur la loi ? Qui est le gardien de la constitution ? Un État de droit peut-il ne pas être démocratique ? Quelle est la place qui doit être faite à la « question sociale » dans l’État de droit ? L’État de droit est-il le produit d’une « idéologie libérale » ?...

Avertissement : Ce cours, centré sur une littérature de langue allemande et quelques traductions en anglais ou en français, ne nécessite toutefois pas des compétences de germanistes. Tous les textes examinés seront traduits en langue française.

 

 

 

 

Bibliographie indicative :

 

Sources (sélection) :

 

_ Gerhard Anschütz et Richart ThomaHandbuch des Deutschen Staatsrechts (1930/1932), Tübingen, Mohr Siebeck, 1998.

_ Hermann Heller, Gesammelte Schriften, Tübingen: Mohr Siebeck, 1992

Traductions françaises (éditions diverses): La crise de la théorie de l’Etat (1926) ; « Démocratie politique et homogénéité sociale » (1928) ; « L’Europe et le fascisme » (1929) ; « libéralisme autoritaire » (1933).  

_ Hans Kelsen, Werke, Tübingen: Mohr Siebeck, publication en cours.  

Traductions françaises disponibles (éditions diverses) : La démocratie, sa nature, sa valeur (1920) ; Théorie générale de l’Etat (1925) ; La garantie juridictionnelle de la constitution (la justice constitutionnelle) (1928) ; Qui doit être le gardien de la constitution ? (1931) ; Théorie pure du droit (1934)

_ Otto Kirchheimer, Von der Weimarer Republik zum Faschismus: die Auflösung der demokratischen Rechtsordnung, Suhrkamp, 1976 ; Gesammelte Schriften 1: Recht und Politik in der Weimarer Republik, Baden-Baden: Nomos Verlag, 2017.

Traductions anglaises disponibles : « Legality and Legitimacy » (1932), « Remarks on Carl Schmitt’s Legaligy and Legitimacy » (1933), in: W. E. Scheuermann, The Rule of Law under Siege, University of California Press, 1996; Politics, Law and Social Change. Selected Essays of Otto Kirchheimer. New York, London 1969

_ Franz Neumann, Wirtschaft, Staat, Demokratie. Aufsätze 1930-1954, Suhrkamp, 1978 ; Behemoth, The Structure and Practice of National Socialism, Oxford University Press, 1942/1944.

Traduction française disponible : Béhémoth, structure et pratique du national-socialisme, Payot, 1987.  

_ Carl Schmitt, Schriften, Berlin: Dunker & Humblot, publication en cours.   

Traductions françaises disponibles (éditions diverses):  Romantisme politique (1919); La dictature (1921), Théologie politique (1922), Théorie de la constitution (1928) ; La notion de politique (1928), Le tribunal du Reich comme gardien de la constitution (1929) ; Légalité et légitimité (1932)

_ Hugo Preuss, Gesammelte Schriften, Tübingen: Mohr Siebeck, 2008

_ Rudolf Smend, Staatsrechtliche Abhandlungen, Berlin: Dunker & Humblot, 2010.

_ Richard Thoma, Rechtsstaat, Demokratie, Grundrechte, Mohr Siebeck, 2008.

 

Littérature secondaire (en langue française, sélection) :

 

_ I. Aubert et C. Jouin (eds.), Trois juristes de gauche sous la République de Weimar, Jus Politicum, 23, 2019.

_ O. Beaud, La puissance de l’Etat, PUF, 1994 ; Les derniers jours de Weimar. C. Schmitt et l’avènement du nazisme, Descartes et Cie, 1997.

_ S. Baume, Kelsen, plaider la démocratie, Michalon, 2007 ; Carl Schmitt, penseur de l’Etat, Presses de Science Po, 2008.

_ G. Chamayou, Le libéralisme autoritaire (Heller, Schmitt), Zone, 2020.

_ C.-M. Herrera, Théorie juridique et politique chez Hans Kelsen, Kimé, 1997 ; Droit et gauche. Pour une identification, Presses de l’université de Laval, 2003 ; (ed.), Les juristes de gauche sous la République de Weimar, Kimé, 2002 ; (ed.), La constitution de Weimar et la pensée juridique française, 2011.

_ L. Heuschling, Etat de droit. Rechtsstaat. Rule of Law, Dalloz, 2002.

_ J. Hummel, Carl Schmitt, l’irréductible réalité du politique, Michalon, 2005.   

_S. Hürstel, Au nom de Hegel. Les juristes néo-hégéliens et la philosophie du droit de la République de Weimar au troisième Reich, Presses de l’Université de Rennes, 2010.

_ O. Jouanjan (ed.), Figures de l’Etat de droit, Presses universitaires de Strasbourg, 2001 ; (ed.), Hans Kelsen, forme du droit et politique de l’autonomie, PUF, 2003 ; Justifier l’injustifiable, PUF, 2017.  

_ J.F. Kervégan (ed.), Crise et pensée de la crise en droit. Weimar, sa république et ses juristes, ENS éditions, 2002 ; Hegel, Carl Schmitt, PUF, 2005 : Que faire de Carl Schmitt ?, Gallimard, 2011.  

_ N. Le Bouëdec, Gustav Radbruch, un juriste de gauche sous la République de Weimar, Presses de l’Université de Laval, 2011.

 

 

 


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