Il est une critique des Lumières qui, en France, passe encore relativement inaperçue : après la
critique « conservatrice et réactionnaire », qui oppose la foi à la raison, la tradition au progrès,
la famille à l’individu, après celle, d’inspiration marxiste, qui dénonce les « excès de la raison
et des formes de domination politique qu’elle implique » (A. Lilti), après même la critique
postcoloniale, qui s’attaque à l’universalisme (ou prétendu tel) des Lumières, est apparue, dans
les années 1990, au sein des Disability Studies, ou Études sur le handicap, une nouvelle
condamnation des Lumières. Celle-ci consiste à appliquer à la question du handicap certaines
thèses des précédentes critiques : les Lumières auraient arraché le handicap aux griffes de
l’interprétation magique ou religieuse pour d’autant mieux l’enserrer dans celles de la raison
qui exclut, redresse et rééduque. Les Lumières ne seraient pas seulement racistes et
colonialistes, elles seraient aussi « validistes » (ableist) : elles auraient forgé la norme de
l’individu non seulement rationnel et perfectible, mais encore autonome et productif – en
somme, de l’individu capable (able).
À travers l’étude d’un corpus de textes surtout modernes, mais aussi contemporains, ce
cours de L3 entend mettre ce diagnostic à l’épreuve. Ne véhicule-t-il pas une conception
monolithique et réductrice des Lumières ? En quoi cette critique peut-elle néanmoins produire
sur celles-ci un nouvel éclairage, aussi fécond qu’indispensable ?
Cours d'initiation à une science : biologie du second semestre de licence 1