K3011519 - TPLE Anglais - Cours magistral

Issue d’accommodements juridiques mis en place à l’époque des Guerres de religion, la tolérance n’indique au début qu’une forme de concession provisoire face à la différence d’opinions et de comportements. A la fin du XVIIe siècle, les pratiques de tolérance « civile » expérimentées jusqu’alors trouvent leur justification logique et morale dans l’œuvre de philosophes tels Bayle et Locke : il ne s’agit plus d’une attitude contingente mais d’une exigence universelle, imposée par la liberté de conscience. C’est au siècle des Lumières, pourtant, et notamment avec le rejet critique du « nom hautain de tolérance » chez Kant (Was ist Aufklärung ?), que l’attitude à tolérer est refondée en tant qu’implication morale du principe de respect entre individus libres. 

Si, dès l’après-guerre, les philosophes de l’École de Francfort relancent le questionnement de la tolérance dans le cadre d’une remise en cause de l’idéologie des Lumières (Adorno et Horkheimer, Dialektik der Aufklärung), Marcuse aborde spécialement la question dans un essai intitulé Repressive Tolerance, publié juste quelques mois après la parution de son ouvrage le plus connu, One-Dimensional Man (1965). Marcuse soumet le concept de tolérance à une dialectique historique d’émancipation et d’oppression avec pour objectif de dénoncer les dérives répressives d’une tolérance qui se prétend « pure », à savoir indiscriminée – objet de la « critique » annoncée par le titre de l’ouvrage collectif qui accueille son essai, A Critique of Pure Tolerance – telle qu’elle est mise en place au sein des « sociétés industrielles avancées ». 

            Il s’agirait alors de détacher le discours de la tolérance de tout enjeu de domination pour réactiver un élan émancipateur, soumis à la condition d’une discussion libre entre individus « autonomes », selon les visées du libéralisme classique, illustrées au fil du texte par de nombreuses références à l’essai de J.S. Mill On Liberty. Et pourtant, aux yeux de Marcuse, le seul sujet susceptible de regagner son autonomie, loin d’être l’individu libre et pleinement satisfait dans sa vie privée – l’homme « unidimensionnel » qui se replie sur des modes de vie uniformes et non contestataires – est « l’individu en tant qu’il est capable d’être libre avec les autres ». Marcuse finit ainsi par remettre en cause la séparation de sphère privée et publique caractéristique de la conception libérale de la tolérance.


Informations sur l'espace de cours

Nom TPLE Anglais - Herbert Marcuse, Repressive Tolerance
Nom abrégé UP1-C-ELP-K3011519-17 - Herbert Marcuse, Repressive Tolerance
EnseignantsLattanzi Lorenzo, Sun Yu Jung
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Élément pédagogique UP1-C-ELP-K3011519 - TPLE Anglais
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