La
matière est une notion à la fois centrale et ambiguë dans le paysage
philosophique. Centrale, en tant que sujet principal de maintes ontologies.
Ambiguë, en tant que concept souvent peu élucidé, trop abstrait, pouvant faire
référence à des étants très différents entre eux (par exemple, un organisme
vivant et un artefact). C’est à partir de cette ambiguïté que ce cours va se développer.
En effet, comment interpréter la matière et rendre raison de ses multiples
accomplissements et manifestations ? C’est bien la même matière qui se retrouve
à la fois chez les systèmes physiques telle une pierre, chez les organismes
vivants que nous sommes et chez les artefacts tel un ordinateur ? Plus
particulièrement, nous nous concentrerons sur le problème posé par la matière
vivante (à savoir, le corps vivant) qui présente des caractères inédits venant brouiller
les catégories ontologico-métaphysiques traditionnelles (sujet-objet,
intérieur-extérieur, actif-passif, pensée-étendue). De sorte que toute
ontologie est obligée de faire face à ce problème : nous verrons, le long du
cours, comment différents penseurs (Descartes, Spinoza, Bergson, Jonas
notamment) et différentes théories (le
dualisme, le matérialisme physicaliste, le panpsychisme, le vitalisme et la
phénoménologie) y ont fait face.