Ce séminaire d’ouverture du parcours DAH propose une analyse sociohistorique critique des grands paradigmes du développement, depuis leur émergence à la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux débats contemporains. Il met en évidence comment les représentations du « sous-développement » et les politiques d’aide internationale ont évolué au gré des transformations des savoirs, des expertises techniques, des doctrines économiques et des orientations idéologiques suivies par les institutions de l’aide.
Dans un premier temps, l’accent est mis sur les grandes doctrines qui ont structuré l’aide publique bilatérale et multilatérale, depuis l’assistance technique des débuts jusqu’à la promotion de l’autonomie individuelle, en passant par les approches néolibérales, la redécouverte de la pauvreté, ou encore l’émergence du développement durable et humain. Cette perspective permet de saisir l’instabilité des choix stratégiques et la diversité des modes d’intervention, révélant la dimension multidimensionnelle et conflictuelle du développement comme projet économique, social et politique.
Le séminaire invite également les étudiants à réfléchir à la transformation des configurations d’acteurs et aux dispositifs qui organisent l’aide : rôle des bailleurs internationaux, des opérateurs techniques, des gouvernements partenaires, des parties prenantes locales et des populations destinataires. Une attention particulière est portée aux mutations institutionnelles et financières : transformations de l’aide publique au développement, montée en puissance des acteurs privés, logiques de financiarisation et émergence d’un véritable marché de l’aide.
Le séminaire accorde enfin une attention particulière aux recompositions récentes de la gouvernance du développement, marquées par le déclin des schémas classiques de coopération Nord-Sud au profit d’un régime international fragmenté et polymorphe, où interagissent des acteurs aux statuts et aux intérêts divers. Ces dynamiques sont analysées à travers l’examen des Objectifs de développement durable adoptés en 2015 et des nouvelles expériences institutionnelles.
De façon générale, dans une perspective ancrée dans la pensée critique, les étudiants sont invités à interroger le développement non seulement comme un projet économique et social, mais aussi comme un champ de pouvoir transnational structuré par les rapports de force entre les acteurs du système international.
- Enseignant éditeur: Nay Olivier