
L’Empire des Romanov est, jusqu’à sa chute, un espace profondément rural. Ce sont près de neuf sujets de Nicolas II sur dix qui, en 1897, à l’occasion du premier recensement de la population, habitent dans les campagnes. C’est ce continent que nous allons explorer pendant ce semestre en étudiant les réalités d’une vie dominée, avant 1861, par le servage. Dans ce système qui s’est progressivement structuré depuis la fin du XVIe siècle, les nobles russes possèdent près de 10 millions d’hommes, au début de notre période. Si tous les paysans russes ne sont pas des serfs, le servage marque profondément la culture de l’Empire. Les révoltes ne sont pas rares et la revendication politique de la « terre et de la liberté » devient centrale, jusqu’à donner son nom au groupe de populistes qui assassinent Alexandre II en 1881. L’abolition du servage en 1861 marque une rupture dans l’histoire du pays, sans résoudre fondamentalement la question rurale. Nous suivrons donc les paysans de l’Empire dans leurs espoirs d’émancipation. Sur les traces des propriétaires terriens décrits par Gogol dans les âmes mortes ou de Firs de la Cerisaie de Tchekhov, nous étudierons ce monde rural en transformations, des campagnes de la Russie centrale aux terres de Sibérie.
- Enseignant éditeur: Nerard François-Xavier