Nous abordons dans ce cours la question du sujet en croisant différentes perspectives. Du point de vue logique, le sujet est ce dont on dit quelque chose, et peut apparaît comme ce qui supporte le sens d’une proposition. Serait-il, dès lors, le point dans lequel s’articulent le discours et la réalité, le lieu où se joue l’ancrage de notre parole dans ce dont on parle ? Une telle propriété du sujet a pu être fondée dans son privilège ontologique ou métaphysique : prenant la place de la substance, c’est-à-dire de ce qui demeure à travers le changement, le sujet serait ce autour de quoi s’articule l’expérience du monde, sa représentation. Il serait donc à la fois ce qui pense, ce qui connaît, ce qui veut ou encore ce qui agit. Ce que l’on a parfois appelé la « métaphysique du sujet » ouvre cependant, et surtout, une interrogation sur le sens de l’expérience du monde et des objets de ce monde : quel rôle et quelle place a le sujet dans la construction d’un tel sens ? L’expérience dont on parle est-elle fiable, exhaustive, voire tout simplement cohérente ? Ces questions débouchent sur une remise en question de l’idée d’une transparence à soi du sujet comme fondement de celui-ci, et permettra de se pencher sur les tensions qui viennent décentrer l’expérience que fait le sujet de lui-même, et par voie de conséquence, de ce qui l’entoure. On examinera la pertinence de conserver le concept de « sujet » alors même que celui-ci apparaît non seulement comme décentré, mais également comme acentrique.
- Enseignant éditeur: Rada Florian