
L’art doit-il représenter les choses telles qu’elles apparaissent ou telles qu’elles sont ? Cette question inaugure le questionnement grec sur la mimêsis (μίμησις) chez Platon puis Aristote, concept qui désigne tantôt une imitation construite sur le modèle de la représentation picturale, tantôt une représentation envisagée selon un modèle théâtral. Réservée à l’origine à des arts comme le mime ou la danse, le sens de la notion est progressivement élargi à la poésie, à la musique, puis aux arts visuels. A l’imitation du visible, selon une technique reproductive caractéristique du trompe l’œil, s’ajoute le pouvoir d’exprimer l’invisible, qui atteste la bivocité de la mimêsis. S’il serait anachronique de parler de philosophie de l’art dans la Grèce du Ve siècle avant notre ère, dans la mesure où l’art n’est pas un objet unifié pour la philosophie, mais davantage une diversité de pratiques (tekhnaï) aussi bien artisanales qu’artistiques, l’interrogation sur la mimêsis configure une réflexion sur l’image, sur la fiction et sur l’invention qui permet de considérer la Grèce comme le berceau de ce qui sera désigné au 18e siècle comme la « critique d’art ». Du reste, la traduction de mimêsis par imitatio, terme lié en latin à celui d’imago (image) inaugure une réflexion théologique au Moyen-Âge sur la manière dont l’artiste cherche à imiter le visible créé par Dieu en prolongeant l’activité de la Nature. La Renaissance, confrontée au problème de la traduction du concept de mimêsis, s’interrogera sur le genre du portrait dans sa ressemblance avec son modèle, mais aussi au problème de l’imitation des maîtres.
- Enseignant éditeur: Furtwengler Circé