Nous essayerons de penser à nouveaux frais les années 1950, un véritable tournant dans l’histoire récente de l’Occident. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’Occident devenait à la fois l’agent, le témoin et l’historien du changement d’âge géologique et culturel : sitôt les premières bombes atomiques exposées, on a parlé de l’avènement de l’âge atomique. Aussi, l’expérience de l’épuisement de la planète et d’une histoire globale est-elle devenue plus aiguë que jamais. Une nouvelle discipline, forgée dans les laboratoires de la « big science » de la Deuxième Guerre, faisait son apparition en prétendant à une intelligibilité totale : la cybernétique. Une autre discipline qui obtenait une importance cardinale était l’anthropologie, et ce au détriment de l’histoire. Tout cela, alors que le monde global se scindait en trois parts: le premier monde de la démocratie libérale, le second monde du communisme réalisé et le tiers monde qui, pour la première fois, revendiquait de façon massive et systématique son émancipation. Mais lorsque les mouvements dé-coloniaux se mettaient en place en revendiquant leur place dans une histoire active, nombreux étaient ceux qui, en Occident, déclaraient que l’histoire était finie. En somme, une foule des thèmes qui innervent les débats d’aujourd’hui se sont cristallisés dans les années 1950. Voilà une bonne raison pour y revenir. Chaque séance de notre CM aura un thème: musée imaginaire, post-colonialisme, structuralisme, oralité. Chaque séance s’arrêtera sur quelques figures importantes: Chris Marker, André Malraux, Jean-Paul Sartre, Frantz Fanon, Norbert Wiener, Jean Dubuffet, Marshall McLuhan, etc. Il s’agira donc d’associer constamment les pratiques et les discours artistiques à ceux des sciences humaines (philosophie, anthropologie, histoire) des mêmes années, en les situant dans un contexte et un horizon politiques.