L’ambition de ce séminaire est d’abord et avant tout d’identifier les différentes conceptions de la justice que se font les philosophes mais aussi – et même surtout – les juristes ainsi que les diverses conceptions de la fonction de juger qu’elles sous-tendent.
Pour les uns, la justice désigne l’essence même du droit – à la fois un idéal à atteindre et ce qui constitue une exigence éthique à laquelle nul ne saurait échapper. Selon cette position, la justice existe et des critères permettent de parvenir à des normes, des décisions ou des actions justes et donc aussi d’évaluer ces normes, décisions ou actions en utilisant.
Pour d’autres, la justice est d’abord un mot, de ceux qu’on appelle des universaux et qui désignent non des choses ou des substances mais des singularités que l’on ne peut saisir qu’à travers l’examen de pratiques, de théories ou de doctrines. Autrement dit, « la justice n’existe pas », pas plus que « la folie » ou « la vérité » mais constitue un régime de discours. On mesure ainsi qu’il y aurait quelque vanité à proposer une philosophie de la justice, sauf à proposer voire imposer la sienne.
À cette première difficulté s’en ajoute une autre : la justice fait partie de ces thèmes communément étudiés par diverses disciplines et traditions intellectuelles. C’est un thème classique de la philosophie du droit (depuis Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, jusqu’à Hobbes, Kant et Bentham mais aussi Kelsen, Perelman ou Dworkin pour ne citer que quelques auteurs). Mais c’est aussi, depuis la parution de la Théorie de la justice de John Rawls en 1971, un des thèmes récurrents des travaux de philosophie politique, de philosophie morale voire d’économie politique à travers notamment le concept de « justice sociale ». L’œuvre de Rawls constitue le fer de lance d’une discussion nourrie (not. de la part de Nozick, Sandel et des théories dites « critiques » – la théorie critique du droit, les théories féministes, les théories critiques de la race, les théories écologiques du droit).
L’approche se
veut donc à la fois interdisciplinaire et comparatiste. Compte-tenu du volume
horaire (15h), elle ne vise cependant pas à l’exhaustivité. Ne seront étudiées
que certaines des théories évoquées, dans le contexte de leur élaboration et en
insistant sur les implications juridiques de ces mêmes théories.
Le séminaire se veut interactif et reposera sur des lectures de textes donnés à l’avance (sous forme de fichier PDF) disponibles sur l’EPI.
L’examen consiste en un oral d’une quinzaine de minutes.
- Enseignant éditeur: Brunet Pierre