On se donnera ici la double tâche, d’une part, de réfléchir sur le fait d’un accès immense, par le biais de la reproduction photographique, aux œuvres de tous les lieux et de toutes les époques, en tout cas bien au-delà des « trois siècles de formes » que Baudelaire pouvait connaître ; d’autre part, de comparer les différents types de sérialité qu’il a semblé possible de constituer pour faire apparaître les effets de la mémoire qui, dans ce contexte, se cristallisent, se révèlent ou se fabriquent entre les œuvres, de l’Atlas mnémosyne au Musée imaginaire de la sculpture mondiale. Seront ainsi envisagées, à travers les doctrines et surtout les usages (on s’attachera spécialement au travail concret des photographes), la question de la reproduction et celle de l’édition. Pour sortir de la situation paradoxale définie par un accès représentatif universel à des arts qui, pourtant, ne sont plus systématiquement conçus comme des représentations, on tâchera ainsi d’identifier certains traits sensibles auxquels s’ajuste, dans les conditions de fait du musée imaginaire, l’expérience esthétique au XXe siècle.