L'éthique environnementale s'est constituée à partir des années 1980
comme un espace de renouvellement de la philosophie morale dans le
contexte de la crise écologique. Elle s'est ainsi confontée à des
questions relatives aux fondements de la moralité : peut-on seulement
étendre les jugements moraux à des entités non-humaines, telles que les
animaux ou la nature en général ? Qu'est-ce qui assure fondamentalement
qu'un être soit digne de respect ? Ces interrogations ont conduit les
éthiques de l'environnement à chercher une "valeur intrinsèque de la
nature sauvage" qui la rendrait digne d'être préservée pour elle-même,
indépendamment des fins humaines. Cette valeur intrinsèque ne pouvait
être défendue sans une critique de l'anthropocentrisme et l'élaboration
de perspectives biocentrique ou écocentrique en philosophie morale. La
définition de la nature en éthique environnementale a ainsi conduit à
repenser le statut de l'éthique elle-même. Dans ce cours, on étudiera
les débats soulevés au sein de l'éthique environnementale par
l'élaboration des concepts de "nature sauvage", d'anthropocentrisme et
de valeur intrinsèque. Je concluerai le cours par une présentation des
critiques adressées à l'éthique environnementale, par l'écologie
décoloniale (Ramachandra Guha), l'écologie sociale (Murray Bookchin) et
l'écoféminisme (Val Plumwood).