Ce cours sera consacré à une présentation et une analyse de l’œuvre de Iris Marion Young (1949-2006), philosophe sociale et théoricienne féministe dont les ouvrages ont durablement marqué la philosophie politique contemporaine. Influencée par le marxisme, la théorie critique allemande mais également la phénoménologie française, Young s’est d’abord engagée dans des débats de philosophie féministe, sous deux angles principaux : la question de savoir comment articuler marxisme et féminisme, et le développement d’une phénoménologie féministe destinée à rendre compte de l’expérience vécue des femmes, dans la lignée de Beauvoir. Désireuse de faire entendre la voix des nouveaux mouvements sociaux caractéristiques des années 70 (féminisme, antiracisme) dans le champ de la philosophie politique normative, elle s’est ensuite attelée à l’élaboration de conceptions de la justice sociale et de la démocratie qui ont remis en question les paradigmes dominants du moment, en particulier la théorie rawlsienne de la justice et la conception habermassienne de la démocratie. Son dernier ouvrage important étend la question de la justice à l’échelle mondiale en posant la question de nos responsabilités dans la reproduction des injustices structurelles qui touchent les habitant·es des pays du Sud, auxquel·les la mondialisation des échanges nous lie sans que nous en ayons toujours conscience. Caractérisée par le souci constant d’articuler théorie normative et diagnostic critique, l’œuvre de Young constitue un modèle pour quiconque entend mettre la philosophie au service d’une analyse du présent et de sa transformation. Son étude permettra à la fois de revenir sur les principaux débats qui ont marqué la philosophie politique des années 70 aux années 2000, mais également d’éclairer des questions philosophico-politiques qui continuent de résonner dans l’espace public contemporain.