Quelle est la place de nos émotions dans notre vie morale ? Faut-il leur reconnaître seulement un rôle contingent, participant de surcroît à la vie vertueuse, rôle pouvant s’avérer dangereux quand il revient à faire primer des dispositions pathologiques et égoïstes sur notre sens du devoir dans la détermination de notre action ? Ou au contraire, faut-il reconnaître à notre affectivité un rôle fondamental dans la motivation à bien agir et à la reconnaissance de l’action vertueuse ? Existe-t-il des affections qui seraient intrinsèquement morales et d’autres qui pourraient être intrinsèquement immorales ? Quelle valeur morale alors accorder à l’empathie, la sympathie ou la pitié dans notre motivation à bien agir ? Ou encore au mépris, à la honte, à la culpabilité, et à la colère ? Ou plutôt, dans quelle mesure devons-nous leur faire une place dans notre vie morale ? Pouvons-nous même avoir un accès aux valeurs morales qui ne soit pas médié par des réactions affectives ? Pour répondre à ces questions, il s’agira avant tout d’interroger la thèse du sentimentalisme moral qui affirme que nos états affectifs jouent un rôle fondamental dans notre compréhension et dans notre formulation de jugements de valeurs moraux, à partir de ces différentes formulations dans l’histoire de la philosophie jusqu’à ses prolongements contemporains.