Pour les deux années à venir (2022-2024) le séminaire porte sur les dessins techniques (XVIII^e-XIX^e siècles). En dépit des remarques récurrentes des technologues de l’époque moderne sur la centralité des figures dans la transmission des connaissances relatives aux « arts », les dessins techniques demeurent relativement peu étudiés. Alors que les recherches sur les dessins scientifiques se sont multipliées, qu’elles bénéficient depuis les années 1990 d’études croisées entre les historiens des sciences et les historiens de l’art, ainsi que de vastes programmes de recherche sur les types et même les « styles » des images scientifiques, les dessins techniques n’ont fait l’objet d’aucune approche transversale à différentes disciplines, et sur une longue période. 

Si l’importance de la pensée non verbale est reconnue de longue date dans certains domaines comme l’architecture, la géométrie pratique et les multiples domaines d’application de l’ingénieur, le rôle de ce type de pensée dans l’évolution des arts et des métiers aux XVIII^e et XIX^e siècles reste à ce jour méconnu. On accordera une place importante aux dessins réalisés par les praticiens dans le cadre de leur activité professionnelle. L’idée selon laquelle les artisans ne dessinent pas, ou dessinent seulement des modèles qu’ils n’ont pas créés ou qu’ils recopient dans le cadre d’institutions telles que les manufactures et les écoles de dessin fera l’objet de discussions.

On s’intéressera aux formes et aux usages des dessins techniques à partir d’études de cas. Le séminaire proposera en outre un tour d’horizon des recherches et des perspectives historiographiques récentes sur le sujet en histoire des techniques, en histoire de l’art et en histoire du livre.