Il est d’usage de présenter le féminisme de la deuxième vague (des années 1970) comme une tentative pour penser l’oppression commune des femmes. A contrario, le féminisme de la troisième vague s’est développé dans un geste réflexif et critique consistant à remettre en question la possibilité et l’intérêt politique d’une telle tentative. Ce cours sera consacré à certaines des formes qu’a pu prendre ce geste de mise en crise du sujet politique du féminisme, dont on montrera qu’il se déploie en fait dès les années 1970 et trouve l’une de ses origines dans le Black Feminism. On étudiera la forme qu’il prend dans ce dernier (bell hooks, Patricia Hill Collins) ainsi que dans la théorie queer (Judith Butler), mais on s’intéressera également aux prolongements conceptuels et méthodologiques qu’il a trouvé (notamment via le concept d’intersectionnalité forgé par Kimberley Crenshaw) ainsi qu’aux réflexions épistémologiques qui l’ont précédé ou accompagné (illustrées en particulier par les épistémologies du positionnement, ou standpoint epistemology). Enfin, on se demandera si la phénoménologie féministe (Bartky, Young, Ahmed), qui s’est développée pendant les années 1980 et qui a récemment connu un regain d’intérêt, pourrait constituer une réponse au défi lancé par ces critiques et à quelles conditions.